Un récit du Tour de France des Vaches à Lait
Voilà le jour dit, le 13 juin, nous avons pris le relais de l’antenne 01 place Bellecour, avec un beau et chaud soleil. Nous étions en nombre… environ quatre-vingt motardes et motards ; plutôt une bonne surprise pour un jour de semaine à midi !
Après avoir installé notre stand et longuement échangé paroles et salutations, Brigitte, notre adorée secrétaire, nous a fait, avec toute la rigueur et l’expertise qui la caractérise, la démonstration d’un CT sur sa vieille et jolie Guzz’ ; plus de 15 ans au bas mot ! Et pas une rayure ! C’est certain, elle n’est jamais tombée avec... Brigitte, dans son costume de scène, a été excellente devant les objectifs (mazette, quelle actrice notre secrétaire !).
Finalement nous avons plié bagages et sommes partis en convoi (une soixantaine de motos) en direction de Tournon rejoindre la 27/06 ; accompagnés par les forces de police, telle une délégation étrangère ; j’ai kiffé ! Bien sûr, nous avons été chaleureusement accueillis à Tournon ; une petite délégation a rencontré le sous-préfet qui a pris le temps d’écouter nos représentants ; permettant, pendant ce temps, à tous les motards ; encore plus nombreux, de parler entre eux et de nouer des liens (moment précieux...) tout en se désaltérant aux terrasses de cafés.
Ensuite notre compagnie est repartie pour rejoindre Valence où un casse-croûte très sympa nous attendait à la Mutuelle des Motards ; par la suite quelques-uns d’entre nous ; Brigitte, Tof, Patrick et moi-même de la 69, ainsi que Jean-Marc et Mickaël de la 01 ; ont été généreusement reçus pour une délicieuse soirée et une bonne nuit chez Marilyne et Olivier ; nous nous souviendrons de leur gentillesse, du repas du lendemain midi (avec des ravioles) et moi du chant des rossignols quand nous sommes arrivés chez eux.
Le lendemain après-midi, à Valence, nous avons fait un long arrêt (une manière de sitting) devant la préfecture où nous avons pris note du refus du préfet de nous recevoir, au prétexte d’un agenda politique chargé, masquant à peine, ainsi, son mépris à notre égard. Et nouveau départ… cette fois-ci pour Gap pour rejoindre l’antenne 04/05, avec une petite pose sur le parking de la coopérative viticole de Die (certains en ont profité pour faire quelques courses…) et nous voilà repartis pour Gap, en passant le col de Cabre (un délice !). Sans nous donner le mot (la complicité peut-être ?), Tof, Brigitte et moi, sommes restés très loin derrière notre nombreuse troupe… et nous avons bien fait ; quel régal ce col de Cabre ; Tof et moi avons bien rigolé : LE PIED ! Brigitte est arrivée un peu après nous au sommet : elle a ménagé sa vieille Guzz’ pour qu’elle reste neuve encore longtemps ; sans doute.
A notre arrivée à Gap nous avons été accueillis chaleureusement, par la 04/05, avec les sourires qui vont avec… tout à fait normal, c’est la Famille tout de même ! Après de longues salutations et palabres avec les forces de police, nous voilà repartis pour le centre ville, un fourgon commissarial nous ouvrant la route ; enfin ouvrir la route, manière de dire, je voyais, par la portière du fourgon, une main timide s’agiter, pour intimer l’ordre aux automobilistes de s’arrêter à chaque intersection que nous coupions ; cela ressemblait plutôt à un coucou qu’à une injonction : heureusement que nous étions là pour aider, manifestement nos policiers étaient des “bleus”. Arrivés au Rond-point des vaches (si,si, en plein centre ville de Gap, il existe un rond-point enherbé avec des vaches !), nos chers policiers ce sont transfigurés ! il fallait les voir, l’air martial et plein d’assurance, faire place nette pour nous permettre de nous y installer ; la scène était parfaitement réglée. Je ne vis dans les regards des automobilistes et badauds présents, ni mécontentements, ni courroux, bien au contraire, rien que de la tendresse amusée : il faut bien le dire, ils étaient croquignolets nos policiers. Par la suite, j’appris, et par une indiscrétion, qu’ils avaient longuement et souventement, répété la scène, aidés en cela par la professeure de théâtre du collège voisin de leur commissariat.
Enfin, après 3⁄4 d’heure d’occupation du centre ville et la cérémonie de passage de relais de la 26/07 à la 04/05, et je puis vous assurer que cette dernière avait vraiment de la gueule ; pensez donc, quatre départements présents sur le Rond-point des vaches, sans compter la 01 et la 69 ; nous avons une fois de plus plié bagages, accompagnés de nos mascottes et bien sûr du pot au lait. Cette fois, destination maison de Jo.
Avant d’aller plus loin, je crois qu’il faut rendre justice ; les forces de police et de gendarmerie nous apportent la plupart du temps une aide précieuse pour la sécurité de nos convois en manifestation, et il y en a même qui nous soutiennent, secrètement.
Le soir nous avons été reçus et très bien reçus dans la grande Maison de Jo ; il est incroyable ce type ; ma parole il était plusieurs ! Il a fait les courses, allumé le barbecue, dressé le couvert, fait cuire les grillades, coupé le pain etc...il n’y a que les patates qui lui ont échappé grâce à Jean-Marc de la 04/05 qui ne les a pas ratées. A n’en pas douter, Jo nous attendait et lui aussi ne nous a pas raté ! Nous étions une grande et joyeuse tablée ; pour certains la soirée s’est prolongée tard dans la nuit. Le lendemain matin la table du petit déjeuner nous attendait avec une profusion de viennoiseries et confitures, Jo s’était levé aux aurores.
Nous sommes repartis tôt le matin sous une pluie battante et froide en faisant une petite visite à la bourse de la moto locale ; pour retrouver l’antenne 06 et le soleil à Puget-Thenier et repartir sur Nice ; sur la grand’place de Nice, nous n’étions plus que quelques-uns dans la multitude des flâneurs qui nous entouraient et malgré la majestueuse beauté du lieu, je me sentais un peu triste : j’avais hâte de repartir.
Nous n’étions plus que deux de la 69 ; Tof nous a trouvé un camping entre Nice et Cannes, nous avons fait les courses et Tof nous a concocté un gentil repas en attendant que Brigitte nous rejoigne (elle nous avait quittée au sommet du col de Cabre pour récupérer ses deux chiens) ; elle nous est revenue avec ses chiens et sa décapotable de vedette hollywoodienne.
Après le repas nous avons été faire un tour au bord de la mer, il faisait nuit noire et à part l’écume des petites vagues à mes pieds je n’ai rien vu du bleu de la mer ni l’horizon : j’étais dépité ; et pourtant Brigitte et Tof m’avaient prévenu ; je ne voulais pas les croire. Sur le chemin du retour, comme nous n’étions pas pressés, nous nous sommes arrêtés pour faire les poubelles ; j’ai trouvé une tente de camping neuve qui se déploie toute seule, Brigitte, dans le même temps dégotait une lampe halogène de salon, précisément le modèle que son fils désirait pour son anniversaire, pendant que Tof faisait son profit d’une demie bobine de câble pour son prochain chantier ; au retour pendant que Brigitte astiquait la belle lampe de salon de son fils et que Tof réorganisait le rangement dans les valises de sa moto pour trouver une place à sa nouvelle acquisition ; à tout hasard, je fis un tour dans le camping ; je tombais opportunément sur deux jeunes campeurs se désolant de l’état lamentable de leur tente, aussitôt je leur proposais, pour une somme modique, ma tente toute neuve. Bien que vivement intéressés, ils se récrièrent que je la leur proposais, selon eux, à vil prix. Je leur répondis que nul n’était ennemi de ses intérêts et que leur intérêt était de dormir à l’abri. Je ne baissais pas mon prix, mais leur fis, cependant, cadeau de la housse de transport pour ne pas paraître mesquin. Quand je me suis couché, mon vague à l’âme s’était évaporé depuis longtemps ; tous les trois nous avions passé un bon moment… si je n’avais subi une attaque massive de moustiques, je me serais endormi sereinement.
Le lendemain nous sommes partis de bonne heure, rejoindre la 06 devant le palais des festivals de Cannes, toujours aussi peu nombreux, mais toujours aussi heureux de nous retrouver ; un instant j’ai envisagé de m’esquiver pour faire quelques emplettes dans les boutiques de luxes (Cannes est bien pourvue en la matière), mais j’ai vite renoncé de peur que la bande ne parte sans moi à Fréjus ; ils auraient fait de moi un orphelin...
Arrivé à Fréjus, sur une mignonne et minuscule place, personne de la 83 pour nous accueillir ? Je crois qu’il y eut un léger frémissement d’inquiétude parmi nous, mais finalement, après une éternité et moult coups de téléphones, Tof a fini par les retrouver à un pâté de maison (quel fin limier celui-là !), sur une belle et grande place, et de nouveau nous nous retrouvions plus nombreux, enfin ! Que du bonheur… Après la désormais traditionnelle cérémonie de passage de relais, où nos mascottes Valoche, Valkyrie et notre petite dernière, Valen’teen ont changé de motocyclettes et bien sûr avec le pot au lait, nous avons repris la route pour le Castelet où nous attendaient ceux de la 13, nous étions très en retard sur le timing, alors nous avons pris l’autoroute tout du long, interminable ! Affreusement monotone !
Arrivé sur la route du Castelet, un bus nous bouchonnait, Tof et moi ; j’ai senti que Tof me surveillait et s’inquiétait pour moi, alors j’ai suivi son exemple, je suis resté sagement derrière ce satané autocar. Quelques fois il faut savoir moduler son enthousiasme et être sage, et comme me disait mon arrière-grand-mère "prudence est mère de sûreté". On ne peut pas toujours rigoler en moto.
Arrivé sur le circuit du Castellet, une bordure de trottoir a surgit subitement et s’est frottée traîtreusement contre ma roue avant et j’ai chu dans un parterre de buissons, ils m’ont réceptionné avec tendresse, eux aussi s’inquiétaient pour moi. Aucun dommage ni pour moi ni pour ma moto et je vous le confirme le ridicule ne tue pas (j’ai tout de même eu la dignité égratignée !). Ce petit incident n’a pas gâché la bonne humeur et l’enthousiasme de notre équipée et c’est bien là l’essentiel.
Après la cérémonie de passage de relais et un petit encas, nous sommes remontés sur nos motos, direction Pertuis, retrouver nos amis de la 84. Nous sommes arrivés sur une grande place où se tenait une brocante avec des clients absents, les vendeurs avaient du mal à cacher leur morosité ; nous, nous avions toujours le sourire… Après avoir confié cérémonieusement et selon la tradition, nos jolies mascottes avec, bien sûr, le pot au lait aux copains de la 84, nous nous sommes installés à la terrasse du "Bar des sports" sur la place ; la patronne, après nous avoir servi, s’est assise avec nous pour taper la discussion, souriante, volubile et avec beaucoup d’humour ; elle nous a expliqué qu’elle organisait régulièrement des évènements sur la place au profit des associations du coin et qu’elle serait ravie d’aider la FFMC à en faire de même ; en quelque sorte elle se présentait comme la Sainte Patronne de la place, peut-être se vantait elle un peu, mais elle le fit avec un tel talent que nous l’avons tous cru ; peut-être que si la 84 a de l’imagination, il y a moyen d’organiser quelque chose ?
En tout cas, pour la 69 c’était le dernier relais, il était temps pour nous, de prendre la route du retour ; Tof et moi sur nos motocyclettes et Brigitte et ses deux chiens dans la décapotable Hollywood ; elle nous a suivis pendant un moment, avant de prendre l’autoroute, avec Tof nous sommes restés sur le réseau secondaire pour faire durer le plaisir, nous nous sommes séparés à l’approche de Mornant. Parti de la côte à 7h30, je suis arrivé chez moi à une heure moins le quart, complètement rincé ! Je me suis couché sans même prendre le temps de me démaquiller.
Je retiendrais de ce périple que le Tour de France des Vaches à lait est, mine de rien, une formidable aventure, il en a fallu de l’énergie, de la constance a tout ceux qui ont œuvré pour construire ce projet, j’en suis témoin pour l’instant c’est une réussite et ça le sera jusqu’au bout ; j’y ai vécu ma propre grande aventure ; j’ai certainement et à coup sûr, omis de vous conter beaucoup de choses importantes, il m’aurait fallu plus de temps et de place ; mais sachez que je ne vous ai rapporté que la stricte vérité, je n’ai fait que l’augmenter ici ou là. En dehors de l’effet médiatique escompté, ce tour de France ne peut produire qu’un effet bénéfique sur les antennes de la FFMC, il nous rapproche et nous soude dans un projet commun.