vendredi 1er février 2019

80 km/h - Une communication non convaincante

Le Premier ministre, Édouard Philippe, a tenté, le 28 janvier 2019, de défendre sa mesure très décriée de la limitation à 80 km/h sur le réseau secondaire, sans séparateur central, en annonçant un bilan provisoire de la sécurité routière 2018 en amélioration par rapport aux années précédentes avec 3 259 tués en France métropolitaine soit 189 décès (-5,5%) de moins qu’en 2017 or l’analyse qui est faite de cette baisse est complètement faussée.

DES CONCLUSIONS HÂTIVES

Attribuer cette baisse à la nouvelle limitation à 80 km/h sur le réseau secondaire, c’est aller vite en besogne, les accidents étant avant tout multifactoriels. Par ailleurs si on l’analyse sur des périodes longues la mortalité routière est en baisse dans l’Union européenne depuis plus de 40 ans.
Il faut déjà commencer par rétablir la vérité sur les chiffres de l’accidentalité qui sont publiés sur le site du gouvernement. Le Premier ministre annonce 119 morts en moins du fait de l’abaissement de la vitesse en 2018, en métropole, par rapport à 2017, ce qui est faux.

D’après les chiffres officiels du ministère, ce ne sont pas 119 vies qui auraient été épargnées au second semestre, mais « seulement » 81, malgré la mise en place du 80 km/h. Puisque au premier semestre, encore sous la limitation à 90 km/h, ce sont 105 morts qui ont été évités.

Quant au bilan en 2018 de la sécurité routière pour le Rhône ce n’est pas meilleur, 59 victimes en 2017 et toujours 59 décès en 2018. En 2016, on constatait 62 morts, 69 décès en 2015. Mais les chiffres de 2014 (48 morts) et surtout de 2013 (37) sont encore loin. De plus, il faut remarquer que pas moins de 24 décès sont survenus dans la Métropole de Lyon, non impactée par le passage à 80 km/h (dont 13 dans l’agglomération lyonnaise).

Par ailleurs, sur l’ensemble de l’année 2018, le Premier ministre parle d’un recul historique du nombre des tués en prenant, pour étayer son propos, les statistiques de l’année 2013, jusqu’alors citée en référence. Là encore, ses affirmations sont fausses.

En effet si on corrige l’oubli, involontaire bien sûr…, des données des Dom-Tom, ce qui au passage montre le peu de cas que ce gouvernement fait de ces populations, les chiffres de la mortalité routière pour l’année 2018 sont supérieurs de 2,2 % à ceux de l’année 2013, avec 77 décès de plus en 2018, par rapport à 2013, année qui pourtant disposait d’une limitation à 90 km/h, sans parler des protections passives et actives moindres des véhicules de l’époque …

LA SOLUTION :
L’ÉDUCATION DES USAGERS ET L’ENTRETIEN DES ROUTES

La Fédération Française des Motards en Colère soutient qu’il est possible d’améliorer la sécurité de tous les usagers de la route sans pour cela utiliser des stratagèmes éhontés. Il est nécessaire pour cela de prendre en compte ses remarques et ses propositions en matière d’éducation routière, notamment pour améliorer la prise en compte des 2 Roues Motorisés. Car ceux-ci sont toujours majoritairement accidentés du fait d’autres usagers inattentifs et insuffisamment formés à une bonne coexistence avec les 2RM.

De même, la FFMC prône l’amélioration des infrastructures routières, le partage de la route, la lutte contre l’utilisation du téléphone au volant, la lutte contre l’alcoolisme, l’usage de stupéfiants, etc. La répression routière n’est pas la solution comme l’a montré la continuation de la baisse du nombre des décès au second trimestre malgré le nombre de radars hors service.